Source : Marie-Claire - 28 mars 2022
Actrice caméléon et engagée, elle demeure une icône, quarante ans après sa brutale disparition. Romy Schneider était aussi cette femme brisée, épuisée d'avoir affronté de nombreux drames. Portrait d'une idole au destin romanesque et tragique.
Romy : Prénom féminin d'origines latine et hébraïque, qu'il semble impossible de prononcer sans penser à l'icône du septième art qui le portait. Voilà une manière -parmi d'autres- de mesurer la popularité unique et intacte de Romy Schneider, quarante ans après sa disparition.
La Cinémathèque française, à Paris, commémore cet anniversaire avec une grande rétrospective qui rend hommage au talent de l'actrice, phénomène de son époque et d'aujourd'hui encore. Mais le glamour, le succès de ces personnages mythiques qu'elle incarnait et qui lui collaient à la peau, camouflaient une vie intime fragile, ponctuée de drames. Retour sur le destin tragique, parfois romanesque, de l'inoubliable idole.
Souvenirs d'enfance traumatisants Naître en 1938 à Vienne, quelques mois seulement après l'intégration de l'Autriche au Reich allemand. Grandir dans le village bavarois de Berchtesgaden, dans une maison presque voisine au Berghof, le chalet d'Adolf Hitler. En vouloir toute sa vie à ses parents d'avoir été complaisants, pire, proches du régime nazi. Soupçonner même sa mère d'avoir entretenu une relation amoureuse avec le dictateur. L'enfance de Rosemarie Magdalena Albach au contact de l'histoire nazie la hantera à chaque âge de sa vie. Comme ses grands-parents avant eux, les parents de celle que l'on connaît sous le pseudonyme de Romy Schneider mènent une vie d'artistes. Père comédien, mère chanteuse et actrice. C'est à ses côtés que la jeune Romy débute sa carrière. Elle a quinze ans en 1953 lorsqu'elle quitte les bancs de l'école pour le tournage de Quand refleuriront les lilas blancs, dans lequel elle interprète la fille du personnage principal, Magda Schneider, sa propre mère.
Éternelle Sissi
C'est elle qui poussera sa fille à accepter le rôle de sa vie : Elisabeth de Wittelsbach, l'impératrice d'Autriche. La trilogie "Sissi" signée Ernst Marischka -"Sissi" en 1955, puis "Sissi impératrice" en 1956 et "Sissi face à son destin" en 1957- la propulse au rang de star planétaire alors qu'elle n'a que 20 ans.
Mais libre, elle refuse de tourner un quatrième film pour cette saga à succès. Sissi n'est plus un costume, elle est devenue une seconde peau oppressante. Romy Schneider souhaite s'émanciper de ce rôle qui la renvoie sans cesse à sa beauté, à une image de jeune femme sage, et aspire à des rôles plus profonds, sinon à incarner des personnages féminins plus modernes.
À une époque où il n'était encore nulle part question de libération de la femme,
j'ai entrepris ma propre libération.
"En réalité, j'étais simplement en avance sur mon temps. À une époque où il n'était encore nulle part question de libération de la femme, j'ai entrepris ma propre libération. J'ai forgé moi-même mon destin, et je ne le regrette pas", rembobine-t-elle, fière de son courage, dans son journal intime rendu public en 1998 (Moi, Romy : Le journal de Romy Scheider, paru aux éditions Succès du livre)
Une impressionnante carrière
C'est à cette époque qu'elle décide de s'installer dans cette ville dont elle rêve depuis l'adolescence. "Je vivrai à Paris", se promettait-elle à treize ans dans ce précieux journal.
Luchino Visconti, Henri-Georges Clouzot, Alain Cavalier, Orson Welles, Bertrand Tavernier... Romy Schneider tourne avec les plus grands cinéastes de son temps. Tour à tour, elle incarne des femmes lumineuses, tragiques, mélancoliques.
Puis l'actrice rencontre Claude Sautet, il dit d'elle qu'elle est "tourmentée, pure, violente, orgueilleuse". Qu'il s'agisse de l'énigmatique Rosalie dans "César et Rosalie", de la troublante Lily dans "Max et les ferrailleurs" ou de la sensuelle Hélène dans "Les choses de la vie", le regard du réalisateur combiné au talent de Romy Schneider créent, chaque fois, de la magie sur pellicule. Avec "Une histoire simple", aussi réalisé par Claude Sautet, elle décroche en 1978 le César de la meilleure actrice pour la seconde fois de sa carrière.
Deux ans auparavant, lors de la toute première cérémonie des César, l'idole d'origine austro-allemande naturalisée française est sacrée Meilleure actrice pour sa bouleversante interprétation d'une comédienne à la dérive dans "L'important c'est d'aimer". Le don de soi a toujours été son point fort, son plus grand talent, mais dans ce film d'Andrzej Zulawski, son jeu d'usurpation d'identité n'a jamais été aussi troublant.
Son troisième César lui sera attribué en 2008, à titre posthume. Une statuette pour honorer sa mémoire et son impressionnante filmographie. Romy Schneider, c'est 63 films en 29 ans de carrière.
Romy Schneider et Alain Delon, premier grand amour
Alain Delon foule la scène des César pour présenter avec pudeur ce prix. Comme un dernier hommage à la rencontre d'une vie. "Tu me manques terriblement", lâche-t-il en regardant au ciel.
Parce que nous nous sommes fiancés il y a 50 ans,
parce que nous avons nagé ensemble dans "La Piscine" il y a 40 ans.
Parce que c’était toi,
parce que c’était moi…
"Parce que nous nous sommes fiancés il y a 50 ans, parce que nous avons nagé ensemble dans La Piscine il y a 40 ans (...) Parce que c’était toi, parce que c’était moi…", poursuit l'acteur bouleversé, avant de prier le public d'applaudir debout celle qu'il a tant aimée.
Romy Schneider a 20 ans, Alain Delon 23, quand ils se rencontrent sur le tournage de la romance "Christine". Coup de foudre devant la caméra, qui les mène l'année suivante, le 22 mars 1959, sur le lac de Lugano en Italie, où ils se fiancent.
Mais en 1963, l'acteur quitte sa fiancée alors âgée de 26 ans, après seulement cinq ans de relation. "Je pars avec Nathalie [la mère de son fils Anthony Delon, NDLR]", lui aurait-il écrit, dans une longue lettre posée près d'un bouquet de roses.
Qu'importe la rupture, les brèves années d'idylle, Romy Schneider et Alain Delon appartiennent à ces couples mythiques du cinéma français. Ceux qui semblent indéfectiblement liés par-delà le sentiment amoureux, ceux qui font rêver le public.
Ce lien unique, ils le raviveront six ans après leur séparation. Quand Alain Delon impose Romy au casting de La Piscine. Quand le réalisateur Jacques Deray accepte que l'actrice -qui tourne moins à cette époque- incarne à l'écran la compagne du personnage de Delon. Le binôme a-t-il été déjà aussi photogénique, aussi culte, que dans "La Piscine" ?
Romy Schneider recroise l'amour dans les bras de Jean-Louis Trintignant puis de Jacques Dutronc. Après ces fiançailles sans suite, elle dit "oui" à deux reprises. Une première fois au metteur en scène Harry Meyen, avec qui elle accueille en 1966 son premier enfant, David. Un second mariage la lie au journaliste Daniel Biasini. Et de leur union naît en 1977 sa fille, la comédienne Sarah Biasini.
Mais son premier amour préserve une place particulière dans son cœur. "L'homme le plus important dans ma vie fut et reste Delon. Aujourd'hui encore, Alain est le seul homme sur qui je puisse compter. Alain ne m'a jamais abandonnée à moi-même, pas plus aujourd'hui qu'hier", s'avoue Romy Scheider en 1977, en écrivant ces quelques mots dans son journal intime.
Romy Schneider, une femme engagée
Alors oui, Romy Schneider était une star adulée, une immense actrice et la moitié de ce tandem glamour qu'elle formait avec son ex-fiancé. Ce que l'on dit moins quand évoque son souvenir, c'est qu'elle fut, aussi, une féministe engagée.
En 1973, elle signe le célèbre manifeste des 343 publié dans le Nouvel Observateur, aux côtés de Gisèle Halimi, Simone de Beauvoir, ou encore Agnès Varda. Le texte dénonce les conditions dangereuses des avortements clandestins et réclame alors la légalisation de l'IVG. Ces 343 femmes, dont Romy Schneider, affirment courageusement avoir eu recours à l'avortement, encore interdit en France à cette époque.
Son engagement en faveur d'un avortement libre et gratuit choque l'Allemagne conservatrice. Lynchée par la presse de son pays natal qui la qualifie de "putain" et qui trouve là l'occasion de lui reprocher son exil en France, Romy Schneider se retrouve même inquiétée par le tribunal d'Hambourg. Pour la défendre, des centaines d'Allemandes envoient des lettres aux tribunaux, affirmant avoir, elles aussi, avorté. Leçon de sororité : les poursuites contre la star sont interrompues.
Une vie ponctuée de tragédies
L'artiste aux grands yeux bleus rayonne, elle crève l'écran, mais la femme au regard triste semble brisée par de nombreux traumatismes. Le premier d'entre eux : ses souvenirs d'enfance, sa culpabilité d'être née dans cette famille proche du régime nazi.
Alors à l’écran, elle "répare" : Romy Schneider incarne tantôt une femme juive, tantôt une résistante. Elle initie même l'adaptation sur grand écran du roman de Joseph Kessel La Passante Du Sans-Soucis, qui raconte l’histoire d’une Allemande qui tient tête aux nazis. Elle choisit le prénom hébraïque "David" pour son fils, né de son mariage avec Harry Meyen, dramaturge juif déporté à l'âge de 17 ans, et le non moins symbolique "Sarah" pour sa fille. Jusqu'au cercueil, elle portera au cou l’étoile de David.
Autre indélébile traumatisme de l'enfance : l'inceste commis par son beau-père, le compagnon de sa mère, à l'époque où l'adolescente aurait dû savourer inconsciemment sa première expérience au cinéma.
Plus tard, en 1979, Romy Schneider doit affronter une nouvelle tragédie : le suicide de son premier mari, le père de son fils. Un drame vertigineux, et pourtant incomparable à celui qui l'attend. Deux ans plus tard, son fils David tente d'entrer chez ses grands-parents en passant par dessus leur clôture en fer forgé. L'adolescent de 14 ans perd l'équilibre, il s'empale. Les paparazzi piétinent sans scrupule le deuil de cette mère, au prétexte qu'elle est une star mondiale. Ils se déguisent en infirmiers pour approcher son défunt garçon et le photographier.
La mort de Romy Schneider à 43 ans
Cet innommable malheur la plonge dans une grande dépression. Romy Schneider ne se remettra pas de la perte de son enfant. Le 29 mai 1982, dix mois après cet accident mortel, l'actrice est retrouvée morte dans son appartement parisien par son compagnon de l'époque, le producteur Laurent Pétin. Elle n'avait que 43 ans.
Quatre jours plus tard, Romy Schneider est enterrée - avec son précieux pendentif - au cimetière de Boissy-sans-Avoir, petit village dans lequel elle avait acheté une maison de campagne. Son fils, qui avait été inhumé ailleurs, repose désormais à ses côtés.
Quarante ans après sa disparition, le mystère plane encore - et il planera toujours. Nul ne peut affirmer que l'actrice est décédée d'une overdose de médicaments, à un abus d'alcool, ou s'il s'agit d'une mort naturelle, puisqu'à l'époque, le procureur de la République décide de classer l'affaire sans autopsie.
"Sissi ne devait pas embarquer pour son dernier voyage à l’institut médico-légal. Je ne pouvais me résoudre à détruire le mythe, à en faire une carcasse (…) manipulée par les mains d’un expert pathologiste", déclare l'homme à Libération en 1998. Comme si c'était "Sissi" qui venait de perdre la vie, comme si Romy Schneider avait été, et alors, devait rester, un objet de désir qui appartient au public.
C'était peut-être l'un de ses plus grands drames dans cette vie cabossée, le seul qui l'a poursuivi par-delà sa mort : avoir été confondue avec un personnage de fiction, avoir été érigée au rang de mythe. Comme si nous avions fini par oublier qu'elle était une femme de chair et d'émotions.
Par Juliette Hochberg
10h00 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : INA.fr - 15 mars 2022
L’ALBUM PHOTO – Chaque semaine, l'INA vous propose une série de photos issue de ses fonds photographiques. Aujourd'hui, des images de l'un des plus célèbres couples du cinéma français : Romy Schneider et Alain Delon.
Romy Schneider et Alain Delon posent sur une terrasse à Cannes où ils sont tous deux invités pour le Festival. Crédits : Jean-Claude Pierdet - Le 07 mai 1962.
A cette époque, les deux amants font la une des médias. L'actrice est déjà célèbre pour son rôle de Sissi. Alain Delon est alors l'étoile montante du cinéma français. C'est en 1958, sur le tournage de Christine de Pierre Gaspard-Huit que se rencontrent les deux acteurs. Un an plus tard, ils se fiancent en Italie.
En 1962, le couple débarque sur la Croisette sous les flashs des photographes. Ils acceptent une séance photo à la fenêtre d'une suite d'un grand palace. Les photos prises par Jean-Claude Pierdet témoignent de l'idylle entre les deux stars. Une passion aussi intense qu'éphèmère puisqu'un an plus tard, en 1963, Alain Delon rencontre Francine Canovas, plus connue sous le nom de Nathalie Delon et quitte Romy Schneider. [...]
Et, voici les photos d'Edward Quinn :
10h08 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (4)
Source : PurePeople - 22 septembre 2020
Trente-huit ans ont passé depuis la mort de Romy Schneider, et son fiancé de toujours continue de penser à elle. Bien qu'il se fasse très discret depuis son AVC de juin 2019, Alain Delon a partagé un doux message pour l'anniversaire de l'actrice.
Avec un peu d'avance, Alain Delon a tenu à souhaiter un joyeux anniversaire à celle qui occupe encore une place de choix dans son coeur : Romy Schneider, disparue le 29 mai 1982 à l'âge de 43 ans. Le 23 septembre 2020, l'actrice allemande aurait soufflé ses 82 bougies. À la veille de cet anniversaire manqué, celui qui a partagé sa vie durant près de cinq ans lui a adressé un tendre message...
"Demain, Romy Schneider aurait eu 82 ans. Une étoile ne s'éteint jamais. On va t'aimer toujours. Merci. Alain Delon." Un message relayé par le journaliste de l'AFP Jean-François Guyot sur son compte Twitter ce mardi 22 septembre 2020. Déjà en 2018, à l'occasion des 80 ans de l'actrice de légende, Alain Delon avait honoré sa mémoire le temps d'un sobre message paru dans l'édition du week-end du Figaro : "Rosemarie Albach-Retty dite Romy Schneider aurait eu 80 ans aujourd'hui, ce dimanche 23 septembre. Que ceux et celles qui l'ont aimée et l'aiment encore aient une pensée pour elle. Merci. Alain Delon." L'acteur fêtera quant à lui ses 85 ans le 8 novembre prochain.
Un message de Alain #DELON pic.twitter.com/Desun6yKM6
— Jean-Franois Guyot (@JFGuyot) September 22, 2020
Leur coup de foudre n'était pourtant pas une évidence lors de leur rencontre sur le tournage du film Christine, de Pierre Gaspard-Huit, en 1958. La relation entre la star de Sissi et le débutant au regard félin était même électrique... avant que Romy Schneider ne se laisse séduire par Alain Delon. Rapidement surnommés les "fiancés de l'Europe", les amoureux ont fait rêver de nombreux fans avec leur romance de cinéma.
Cinq ans de romance enflammée
La distance des voyages et des tournages, la carrière en berne de l'actrice et le succès grandissant du comédien ont fini par avoir raison de leur amour. Alain Delon l'a pourtant soutenue en l'aidant à décrocher la pièce Dommage qu'elle soit une putain de l'auteur anglais John Ford, qui met en scène le couple star à Paris en 1961. L'année suivante, lorsqu'elle est hospitalisée pour surmenage, il était bien sûr à son chevet. Mais les amants se sont éloignés lorsque l'actrice est partie tenter sa chance à Hollywood.
Même si Romy Schneider a rapidement mis un terme à cette expérience américaine qui ne lui convenait pas du tout, son couple est déjà en difficulté lorsqu'elle rentre à Paris. Alain Delon l'a finalement quittée en 1963 pour Nathalie Sand, alors enceinte d'Anthony. La romance enflammée entre les comédiens n'a pas duré si longtemps, mais elle a marqué l'histoire du cinéma français à tout jamais.
22h09 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Ina.fr - 12 décembre 2019
Arte consacre ce soir une soirée spéciale à Romy Schneider. Actrice intense, en 1975, elle évoquait sa passion du cinéma.
Le 12 février 1975, France Roche se rend sur le tournage du dernier film d'Andrezj Zulawski, L'Important, c'est d'aimer. Entre deux scènes, la journaliste s'entretient avec Romy Schneider qui tient l'un des rôles principaux. Un rôle d'actrice ratée. Ensemble, elles évoquent la place du cinéma dans la vie de la comédienne.
France Roche la présente d'emblée comme : "La comédienne la plus demandée et la plus payée du cinéma français" et lui demande comment elle a abordé ce rôle d'actrice ratée. Romy lui répond que : "Il y a ¾ de ce personnage qui se sépare complètement de moi-même et ¼ qui se rapproche de moi-même."
Elle raconte ensuite qu'elle s'est servie des émotions de ses débuts, une époque où elle a connu deux années compliquées : "on commence à se poser des questions. On a beaucoup moins confiance en soi-même. On a peur. On est très angoissé. Et on se dit : on ne veut plus de toi. Qu'est-ce qu'il faut faire ?"
Elle ajoute, que pour elle le cinéma : "c'est presque un vice, une passion telle, en tout cas pour moi, que je ne pourrais jamais faire autre chose. J'espère que je saurais arrêter au moment juste. Ne pas continuer quand vraiment rien ne va plus et quand on n'a plus rien à donner."
18h17 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Le Point.fr - 22 mars 2014
Les parents de Romy Schneider se méfiant du jeune comédien Alain Delon, à la réputation sulfureuse, ils imposent des fiançailles officielles.
Par Frédéric Lewino & Gwendoline Dos Santos
Vaut-il mieux coucher avec Alain Delon ou Adolf Hitler ? (NDLR : Je rappelle que cette possible liaison de Magda Schneider avec Hitler n'a jamais été confirmée) [...] La question n'est pas si incongrue que cela quand on sait que Magda Schneider, la mère de Romy, soupçonnée d'avoir entretenu une brève liaison avec le Führer, dont elle fréquentait assidûment le "Nid d'aigle", condamne la liaison de sa fille avec Delon. Il faut dire que le jeune acteur, ex-apprenti charcutier et ancien fusilier marin, est précédé par une réputation sulfureuse. En 1959, Romy est déjà une star en Allemagne grâce à Sissi l'impératrice. Sa mère craint qu'en s'affichant avec un aventurier français Romy ne casse la machine à rapporter du pognon. Un pognon dont profitent surtout Magda et son deuxième époux, Hans Herbert Blatzheim. Comme Sissi refuse d'abandonner Delon, Magda impose un simulacre de fiançailles pour sauver les apparences.
Cela fait presque un an que Romy vit à Paris chez Alain Delon, qu'elle a rencontré sur le tournage de Christine. Elle adore la bohème parisienne, très loin de la prison prussienne... Avec Alain, elle découvre la liberté, les boîtes de jazz, les copains, les voitures décapotables, l'anticonformisme. Sur ses conseils, elle commence à refuser de tourner toute cette guimauve allemande, qui fait davantage la fortune de ses parents que la sienne. Hans et Magda ont beau lui répéter que Delon n'en veut qu'à son argent et à sa notoriété, elle les renvoie gentiment à leurs bretzels. Ach ! Durant la Grande Allemagne, ça ne se serait pas passé comme cela...
Alors, ils prennent le taureau par les cornes. Le 21 mars 1959, quand Romy vient rendre visite à sa mère et à son beau-père dans la villa Maro qu'ils possèdent près de Lugano - et payée par ses cachets -, elle s'entend dire par Hans : "Demain auront lieu vos fiançailles, j'ai averti la presse. Alain sera présent aussi." Surprise totale de la jeune fille. Comment ses parents ont-ils pu convaincre Delon de se prêter à cette mascarade ? Elle peine à le croire. Lui, l'anticonformiste français, participer à une comédie burlesque allemande ? Jusqu'à la dernière minute, la jeune actrice est persuadée que son Alain leur fera faux bond. Elle s'en réjouit même en secret.
Fleur bleue
Mais stupéfaction : le lendemain, Alain se présente tout sourire, à l'heure dite. Plus charmeur que jamais. La cérémonie l'amuse. Sont également présents le frère de Sissi, Wolfgang Dieter Albach, et quelques proches de la famille, comme la jeune comédienne Françoise Arnoul et Jean-Claude Brialy, inséparable de Delon. Les nombreux reporters qui ont répondu à l'invitation sont introduits dans la villa, où la famille les accueille avec bonne humeur. Le frère offre un bouquet de fleurs à sa soeur. Alain passe au doigt de Romy une bague de pacotille. Les flashes crépitent. Magda improvise un petit discours : "De mariage, il n'est provisoirement pas question. Les petits doivent d'abord faire plus ample connaissance." Mais comment donc ? Comme s'ils avaient passé leur temps à jouer au Scrabble à Paris, depuis un an...
Le mariage ? Il n'y en aura jamais. Romy, un peu fleur bleue, l'espère un peu, mais Delon n'est pas prêt à se ranger. Sa carrière ne fait que commencer. Pour faire patienter sa fiancée, il prétend qu'il lui passera l'anneau au doigt un peu plus tard, quand il sera sûr de la solidité de leur couple. Mais le sournois sait qu'il peut compter sur les sautes d'humeur de Romy pour repousser éternellement le mariage. Leur état de fiancés se prolonge d'année en année. La carrière d'Alain s'épanouit, il tourne Plein Soleil, puis Rocco et ses frères, tandis que la carrière de sa fiancée s'étiole. Les fiançailles s'achèvent un jour de 1963, quand, de retour d'Hollywood, Romy Schneider trouve dans l'appartement vide un bouquet de roses accompagné d'un billet : "Je suis parti à Mexico avec Nathalie. Mille choses. Alain."
11h53 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : PurePeople.com - 27 juillet 2013
De l'icône Romy Schneider, on semble savoir tant de choses. Son enfance dans une famille de tradition artistique, le mythe "Sissi", sa carrière flamboyante, ses amours, la tragédie de son fils et sa mort, il y a plus de trente ans. Son ancien compagnon, à qui l'on doit le scénario du "Mauvais Fils" de Claude Sautet, Daniel Biasini, offre lui un récit intime de la femme qu'il a aimée et avec laquelle il a eu une fille, Sarah. Journaliste sans attache mais attaché à sa liberté, il devient le confident de l'actrice pour devenir ensuite son amant. Dans le magazine Gala, il revient sur les débuts de leur histoire, digne d'un film.
Daniel Biasini est un journaliste franco-italien de neuf ans le cadet de Romy Schneider. De retour provisoirement à Paris, il trouve un travail chez le producteur Raymond Danon. Un beau jour, on lui demande d'aller aider une star qui arrive à Paris avec son fils, David. C'est Romy. Elle était en plein divorce avec Harry Meyen, le père de son enfant, mais elle était loin d'être une femme torturée, plus bohème, drôle et simple qu'on n'aurait pu l'imaginer.
Daniel Biasini n'attendait rien de cette nouvelle mission, mais il aime graviter dans son monde. Il se retrouve à gérer ses affaires privées et ses activités de comédienne : "Pendant un an et demi, nous avons avancé comme ça, côte à côte. Avant même l'amitié, une chose est née entre nous, c'est la confiance. Totale." Il passe ses journées avec elle, il côtoie les réalisateurs, acteurs et producteurs qui collaborent avec Romy Schneider, faisant partie du cercle.
Peu à peu, un trouble va naître entre eux. Romy Schneider n'apprécie plus vraiment les idylles de son ami avec d'autres femmes, une certaine jalousie s'immisce. Daniel Biasini lui ne songe plus vraiment à partir aux Etats-Unis. Mais il faudra attendre cet été à Saint-Tropez. Elle loue une maison seule, il vient aussi dans cette ville qu'il connaît bien. Ensemble et avec des amis, ils font la fête. Et puis une nuit, alors que le soleil va se lever et que Daniel et Romy ont vécu une soirée folle et bien arrosée, ils prennent un bateau pour admirer l'aube. D'un coup de tête, l'actrice plonge dans l'eau : "Quand je l'ai aperçue tout habillée dans l'eau, j'ai sauté à mon tour. On s'est embrassés. A partir de là, on ne s'est plus quittés." Pourquoi à ce moment-là et pas à d'autres, eux qui étaient si proches ? Daniel Biasini ne sait pas et ne veut pas vraiment savoir.
Reste une question. Comment l'annoncer au fils de Romy Schneider, David ? Car si l'entourage de la star est habitué à voir Daniel avec elle, son enfant va découvrir qu'il est plus qu'un ami. Alors qu'ils se torturent pour savoir la meilleure façon de lui dire, le garçon découvrira seul. Un matin, il entre dans la chambre de sa mère, Daniel Biasini est là. Ils ont fait semblant de continuer à dormir, et les a embrassés l'un et l'autre : "Quand nous sommes descendus pour le petit-déjeuner, il était heureux. Pour lui, ça allait de soi. Alors pour nous aussi."
Un an plus tard, alors que Daniel Biasini et Romy Schneider sont en vacances en amoureux à Calvi, l'actrice apprend que Luchino Visconti la veut dans son prochain film avec Alain Delon. Mais elle refuse, expliquant au réalisateur qu'elle est enceinte. Le téléphone raccroché, elle regarde son bien-aimé et se jette dans ses bras. Ils se marient en 1975, divorceront en 1981 mais il restera toujours proche de Romy et son fils. Leur fille Sarah, comédienne de théâtre, est aujourd'hui âgée de 36 ans.
Retrouvez l'intégralité de l'article dans le numéro spécial de Gala du 31 juillet 2013
13h33 dans Biographie, Revue Gala | Lien permanent | Commentaires (0)
La vénération de Claude Sautet pour Romy Schneider crève l’écran ; l’art avec lequel le scénariste Jean-Loup Dabadie raconte les histoires - dont celle-ci - est légendaire.
Le cinéaste et son scénariste dînent chez l’actrice pendant l’écriture d’Une histoire simple, dont Romy a eu le privilège (merci Sautet !) de lire les premières pages. Début du repas, «visage glacial et voix très douce», Romy lâche : «En somme, c’est Vincent, François, Paul et les autres au féminin ! Une décalcomanie, mais avec des femmes». Piqué au vif, Dabadie lâche «Et alors ?» Romy poursuit : «Un soir, en dansant, Claude m’avait promis un film pour moi toute seule. Pas avec Françoise, Josette, etc...» Intervention de Graziella, l’épouse de Sautet : «ça alors, première nouvelle, tu sais danser Claude ?» Sautet bredouille : «Arrête, arrête, c’est pas ce qu’elle veut dire la cocotte».
"Là, Romy explose, pleure, crie..."
Tentant de cacher son irritation, Dabadie reprend le fil : «Ecoute Romy, le mieux c’est que tu ne lises plus rien, et quand on aura terminé le scénario, tu nous donneras ton avis, en dansant avec Claude ou avec moi». Romy ne lâche pas le morceau : «Et si je refuse de le faire ?» Dabadie s’enfonce : «Au début on sera bouleversés, et après, on fera le film avec une autre actrice !» Là, Romy Schneider explose, elle se lève, jette sa serviette, pleure, crie, sort, on entend une porte claquer, puis une deuxième, et une troisième. Les convives perçoivent des échos de ce qu’elle hurle : «Puisqu’il est interdit d’émettre la moindre réserve sur ce qu’écrit monsieur Jean-Loup Dabadie ! Tout le monde sait que ce monsieur décide de tout ce qui est bon… ! Pardon, oh pardon monsieur Jean-Loup Dabadie !»
Sautet a le nez dans son assiette. Graziella lui suggère d’aller consoler Romy : «Non, non» répond le cinéaste. Daniel Biasini, l’époux de Romy, tente d’arranger les choses, et revient pour dire que l’hôtesse restera dans sa chambre. Reste à Dabadie de quitter l’assemblée en s’excusant, dignement. Quelques mois plus tard, ayant tourné ce film exactement tel que Dabadie l’avait écrit, et pour lequel elle obtiendra le César de la meilleure actrice, Romy envoie un énorme bouquet de roses à son scénariste, avec ces mots : «Merci de m’avoir écoutée».
A lire : "Conversations avec Jean-Loup", par Véronique Dabadie, Ed. Le Cherche midi, 2009.
18h52 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Le point.fr - 22 mars 2013
Les parents de Romy Schneider se méfiant du jeune comédien Alain Delon, à la réputation sulfureuse, ils imposent des fiançailles officielles.
[...] Magda Schneider, la mère de Romy, [...] condamne la liaison de sa fille avec Delon. Il faut dire que le jeune acteur, ex-apprenti charcutier et ancien fusilier marin, est précédé par une réputation sulfureuse. En 1959, Romy est déjà une star en Allemagne grâce à Sissi l'impératrice. Sa mère craint qu'en s'affichant avec un aventurier français Romy ne casse la machine à rapporter du pognon. Un pognon dont profitent surtout Magda et son deuxième époux, Hans Herbert Blatzheim. Comme Sissi refuse d'abandonner Delon, Magda impose un simulacre de fiançailles pour sauver les apparences.
Cela fait presque un an que Romy vit à Paris chez Alain Delon, qu'elle a rencontré sur le tournage de Christine. Elle adore la bohème parisienne, très loin de la prison prussienne... Avec Alain, elle découvre la liberté, les boîtes de jazz, les copains, les voitures décapotables, l'anticonformisme. Sur ses conseils, elle commence à refuser de tourner toute cette guimauve allemande, qui fait davantage la fortune de ses parents que la sienne. Hans et Magda ont beau lui répéter que Delon n'en veut qu'à son argent et à sa notoriété, elle les renvoie gentiment à leurs bretzels. Ach ! Durant la Grande Allemagne, ça ne se serait pas passé comme cela...
Alors, ils prennent le taureau par les cornes. Le 21 mars 1959, quand Romy vient rendre visite à sa mère et à son beau-père dans la villa Maro qu'ils possèdent près de Lugano - et payée par ses cachets -, elle s'entend dire par Hans : "Demain auront lieu vos fiançailles, j'ai averti la presse. Alain sera présent aussi." Surprise totale de la jeune fille. Comment ses parents ont-ils pu convaincre Delon de se prêter à cette mascarade ? Elle peine à le croire. Lui, l'anticonformiste français, participer à une comédie burlesque allemande ? Jusqu'à la dernière minute, la jeune actrice est persuadée que son Alain leur fera faux bond. Elle s'en réjouit même en secret.
Fleur bleue
Mais stupéfaction : le lendemain, Alain se présente tout sourire, à l'heure dite. Plus charmeur que jamais. La cérémonie l'amuse. Sont également présents le frère de Sissi, Wolfgang Dieter Albach, et quelques proches de la famille, comme la jeune comédienne Françoise Arnoul et Jean-Claude Brialy, inséparable de Delon. Les nombreux reporters qui ont répondu à l'invitation sont introduits dans la villa, où la famille les accueille avec bonne humeur. Le frère offre un bouquet de fleurs à sa soeur. Alain passe au doigt de Romy une bague de pacotille. Les flashes crépitent. Magda improvise un petit discours : "De mariage, il n'est provisoirement pas question. Les petits doivent d'abord faire plus ample connaissance." Mais comment donc ? Comme s'ils avaient passé leur temps à jouer au Scrabble à Paris, depuis un an...
Le mariage ? Il n'y en aura jamais. Romy, un peu fleur bleue, l'espère un peu, mais Delon n'est pas prêt à se ranger. Sa carrière ne fait que commencer. Pour faire patienter sa fiancée, il prétend qu'il lui passera l'anneau au doigt un peu plus tard, quand il sera sûr de la solidité de leur couple. Mais le sournois sait qu'il peut compter sur les sautes d'humeur de Romy pour repousser éternellement le mariage. Leur état de fiancés se prolonge d'année en année. La carrière d'Alain s'épanouit, il tourne Plein Soleil, puis Rocco et ses frères, tandis que la carrière de sa fiancée s'étiole. Les fiançailles s'achèvent un jour de 1963, quand, de retour d'Hollywood, Romy Schneider trouve dans l'appartement vide un bouquet de roses accompagné d'un billet : "Je suis parti à Mexico avec Nathalie. Mille choses. Alain."
Par Frédéric LEWINO ET Gwendoline DOS SANTOS
02h52 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : L'illustré.ch - 06 juin 2012
On les appelait «les fiancés de l’Europe». Romy Schneider, disparue il y a trente ans, et Alain Delon ont vécu une passion qui est entrée dans la légende. C’est au bord du lac de Lugano que les deux acteurs se sont fiancés, en 1959, devant la presse internationale. Retour sur un destin amoureux hors du commun.
Cimetière de Boissy-Sans-Avoir, près de Paris, 29 mai 2012. Un homme qui cache son émotion derrière des lunettes de soleil, face à la tombe de Romy Schneider. Il se penche, embrasse la photo de la star décédée il y a tout juste trente ans, à l’âge de 43 ans. Terrassée par le chagrin, l’alcool et les tranquillisants.
C’est Alain Delon, géant du grand écran, bien sûr, mais un être humain comme les autres face à la mort de l’aimée: démuni et inconsolable. Romy et Delon. Une relation passionnée, passionnante, qui n’a duré officiellement que quatre ans, huit mois et vingt-quatre jours. Mais cet amour impossible est entré depuis dans la légende.
L’image est émouvante, le lion de 77 ans à la crinière grise, seul, comme figé soudain dans ses souvenirs. Il y a trente ans, la même posture sûrement, mais personne pour prendre la photo. Alain avait refusé d’assister aux obsèques de Romy, il n’avait pas envie d’offrir en pâture aux paparazzis embusqués l’image du samouraï qui pleure. Il se rendra le jour suivant au cimetière.
L’acteur, en couple à l’époque avec Mireille Darc, était pourtant arrivé parmi les premiers au domicile parisien de Romy Schneider dès l’annonce de sa mort. Proche parmi les proches, il a veillé l’actrice jusqu’au bout de la nuit, lui écrivant une dernière lettre expliquant sa défection: «Pardonne-moi, j’irai te voir le lendemain de l’enterrement, et nous serons seuls. Ich liebe dich, je t’aime ma Pupele.» On dit qu’il garde toujours dans son portefeuille trois photos de Romy prises cette nuit-là.
Les fiançailles de Sissi
«J’aurais dû l’épouser», a-t-il avoué un jour de 2009 à un journaliste. S’empressant d’ajouter qu’il n’aurait pas supporté de voir sa Romy vieillir. S’il avait passé à l’acte, ironie du destin, cette fabuleuse actrice serait devenue citoyenne de Chêne-Bougeries (GE), le 23 septembre 1999, date à laquelle Alain Delon a obtenu son passeport rouge à croix blanche.
La Suisse, parlons-en, a présidé aux destinées de ce couple hors du commun. C’est au bord du lac de Lugano que les fiançailles officielles de Mlle Romy Schneider et de M. Alain Delon ont été célébrées, le 22 mars 1959, devant un parterre de journalistes. Magda, la mère de Romy, et Hans, son beau-père, possédaient une villa à Morcote, bordée de magnolias et de lauriers, où la jeune actrice aimait passer ses vacances. A l’époque, elle n’a que 20 ans mais est déjà une star planétaire grâce à la trilogie des Sissi. Delon, de trois ans son aîné, n’est encore qu’un jeune acteur prometteur, choisi d’ailleurs par la jeune Autrichienne sur photo pour incarner son partenaire dans le film Christine.
A leur première rencontre, sur le tarmac de l’aéroport d’Orly, le 10 avril 1958, elle le trouve trop beau, trop jeune et trop arrogant. Lui voit en elle une «oie blanche», une petite bourgeoise trop gâtée, caste qu’il déteste par-dessus tout. Un trajet en train (encore une spécialité helvétique) les fera dérailler… sentimentalement. Il est ému par son rire et sa beauté, elle craque pour ce côté mauvais garçon, cette fureur de vivre à la James Dean. «Tu seras malheureuse avec lui», prédit Magda. Romy n’en fait qu’à sa tête et déménage à Paris.
Ce serait pour éviter le scandale d’une union libre que madame mère se met dans la tête d’organiser des fiançailles officielles. A l’insu de sa fille. La jeune femme est même étonnée que Delon se soit laissé si facilement prendre au piège. Etonnant, en effet, avec le recul, cette photo où l’on voit le héros du Guépard, assis sur une balancelle avec sa future belle-mère et sa fiancée. Il lui offre, ce jour-là, trois anneaux d’or rouge, que Romy portera jusqu’à leur rupture. Mais Delon ne lui passera jamais la bague au doigt. Les deux vedettes vont rester pour l’éternité «les fiancés de l’Europe».
«Personne ne peut se renier, Alain ne le pouvait pas, je ne le pouvais pas non plus. C’est pourquoi, dès le début de nos rapports, la fin était inévitable», confiait Romy dans une des rares interviews évoquant sa vie privée.
Le V de Rembrandt
Elle lui apprendra les bonnes manières et Mozart. Il lui fait découvrir les nuits à Saint-Germain- des-Prés, Rome, Visconti. La carrière de Delon s’envole, celle de Pupele (petite poupée) s’étiole. L’Allemagne ne lui pardonne pas cette histoire d’amour avec un Français réputé volage. Michael Jurgs, ancien rédacteur en chef de Stern: «Les Allemands la considéraient comme une traître à la patrie. A Berlin, on la traitait de putain!»
C’est justement dans Dommage qu’elle soit une p…, la pièce de théâtre mise en scène par Visconti que le couple va s’imposer à Paris. Ils font la première couverture de Paris Match en 1961. Ils sont beaux, jeunes, ambitieux. «Ils ont entre les sourcils, s’exclamait le grand metteur en scène italien, le même V qui se fronce de colère, de peur de la vie et d’angoisse. Le V de Rembrandt, visible sur ses autoportraits!» Le V de victoire, mais aussi de vanité et violence. Chez les Delon-Schneider, les noms d’oiseau volent plus souvent qu’à leur tour.
Annie Girardot évoquait des engueulades mémorables. «Romy, qui se libérait à peine du joug maternel, n’admettait pas qu’on lui dicte sa conduite. Elle se révoltait et frappait de grands coups sur la table. Tout d’un coup, la Chleuh qui dormait en elle se déchaînait (…) et envoyait une bordée d’injures en allemand sur Alain qui sortait de la pièce en gueulant!» Delon s’enfuira pour de bon en 1963. Entretemps, il le lui promet : «Si on ne se dispute pas pendant trois mois, je t’épouse !» Ce qui n’empêchait pas Romy de le surnommer en public «mon mari».
Elle tourne à Hollywood lorsqu’il lui fait remettre une lettre de quinze pages. Le séducteur patenté a croisé le chemin de la belle Nathalie. Il la quitte, écrit-il, mais lui abandonne son «cœur pour toujours».
Les ex-amants terribles ne se reverront plus avant La piscine, en 1968. A cette époque, il est devenu la star de cinéma que l’on sait, tandis que la carrière de Romy, réfugiée à Berlin avec son mari et son fils, connaît un nouveau déclin. Renversement de situation. C’est Delon qui, vingt ans après avoir été choisi par Romy, va l’imposer à son tour dans ce chassé-croisé amoureux où l’on ne sait pas très bien si les scènes d’amour entre les deux acteurs sont du domaine de la fiction ou de la réalité. En 1981, un sondage de Paris Match fait d’eux les stars de l’année.
«Il a été l’homme déterminant de ma vie», reconnaîtrat- elle. Lui dira que leur sentiment a évolué en «autre chose, de plus fort, plus puissant, plus que les mots ne peuvent le dire».
Après la mort de Romy, Alain Delon a longtemps refusé d’évoquer son souvenir en public. Pudeur du grand fauve blessé, envie de la garder tout entière comme dernier emblème figé de sa jeunesse. En 2007, pourtant, alors qu’il remet le prix d’interprétation féminine sur la scène du Festival de Cannes, il demande spontanément au public vingt-cinq secondes d’applaudissements pour «une femme exceptionnelle, une actrice immense. Sans elle, je ne serais pas l’ombre de l’homme et de l’acteur que je suis.»
Par Patrick Baumann
13h42 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Le Dauphiné.com - 29 mai 2012
Souvenir : Trois décénnies après la disparitin de l'actrice, le mythe reste intact
Véritable icône du cinéma, Romy Schneider s’est éteinte le 29 mai 1982 sans que l’on connaisse précisément les causes de son décès. Trente après, le mythe est toujours vivant. De nombreux documentaires consacrés à sa vie d’artiste, ainsi que ses plus grands films sont rediffusés par les télévisions allemandes, françaises et autrichiennes. Elle aura tourné, au cours de sa carrière, dans plus de soixante longs métrages.
Le mythe autour de l’actrice franco-allemande Romy Schneider (1938-1982), dont on célébrera le 29 mai le 30 e anniversaire de la mort, reste intact en Autriche, en Allemagne et en France, les trois pays qui ont marqué l’ensemble de sa vie et de son œuvre.
S’il l’on devait poser la question de la nationalité de l’actrice dans ces trois pays, les réponses seraient différentes. En Allemagne, elle a entamé sa carrière d’artiste dans les années 1950, en France, elle a connu son épanouissement, mais elle trouve ses racines en Autriche.
Ses racines étaient en Autriche
Née à Vienne le 23 septembre 1938, un peu plus de six mois seulement après l’Anschluss – l’annexion par l’Allemagne nazie de l’Autriche, le 12 mars 1938 -, Romy Schneider n’a jamais eu la nationalité autrichienne.
«Ses racines étaient en Autriche», affirme pourtant l’Allemande Daniela Sannwald, commissaire de l’exposition «Romy Schneider», qui a lieu à Bonn (ouest de l’Allemagne) jusqu’au 24 juin. «Elle avait un attachement familial avec sa grand-mère Rosa Albach-Retty et son père autrichien Wolf Albach-Retty».
Avec son interprétation de la femme de l’empereur d’Autriche François-Joseph, l’impératrice Élisabeth, dans la mythique trilogie «Sissi» en 1955 et 1956, elle fait une entrée fracassante dans le cinéma international alors qu’elle n’a pas encore 20 ans.
Elle ravive le mythe de l’Empire des Habsbourg dans l’esprit des Autrichiens, devenant une de leurs actrices préférées.
Elle rejoint la France à la fin des années 50
Pour échapper à ce rôle de Sissi, et pour s’éloigner de l’omniprésence de son entourage (sa mère et son beau-père qui géraient sa carrière), elle décide de quitter l’Allemagne afin de rejoindre la France à la fin des années 1950, un choix qu’on va lui reprocher Outre-Rhin.
«Paris était un lieu symbolique pour sa liberté. Elle avait rencontré Alain Delon en 1958. La France est le pays où elle a vécu sa vie d’adulte, là où elle aimait vivre, elle était reconnue comme actrice, elle avait une image totalement différente de celle qu’elle avait en Allemagne», reconnaît Daniela Sannwald.
[...] Accident lié à l’absorption d’alcool et de médicaments ?
Ce tiraillement entre ces trois pays se retrouve dans les différentes célébrations qui se déroulent actuellement pour le 30 e anniversaire de sa mort tragique à seulement 43 ans.
De nombreux documentaires consacrés à sa vie d’artiste, ainsi que ses plus grands films sont rediffusés par les télévisions allemandes, françaises et autrichiennes à cette occasion, avec notamment la rediffusion le 1er juin en Allemagne de «La Passante du Sans-Souci», son dernier film sorti en salle, un mois et demi avant qu’on ne la retrouve sans vie dans son appartement parisien le 29 mai 1982.
[...]
L’implication de l’actrice pour aboutir à ce film dédié à son ex-mari Harry Meyen, mort en 1979, et à son fils David, décédé en 1981, doit être un des thèmes d’un film que la comédienne Géraldine Danon envisage de consacrer à Romy Schneider.
Cannes célébrera l’actrice, du 2 juillet au 2 septembre L’exposition «Romy Schneider» à Bonn revient sur son œuvre en photos et en objets, jusqu’au 2 juin. Puis, ce sera au tour de Cannes de célébrer l’actrice, du 2 juillet au 2 septembre, dans une exposition éponyme, qui souhaite mettre en lumière les paradoxes de l’actrice : bénie des dieux et frappée par le destin, lumineuse et tourmentée.
Enfin, preuve que l’actrice résiste au temps, les réseaux sociaux s’y mettent. Un utilisateur allemand du réseau social Facebook a créé un événement intitulé «Minute de silence pour le 30e anniversaire de la mort de Romy Schneider», réunissant une cinquantaine de participants.
14h56 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
04h00 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (8)
Source : Blog.LEcho.be - 18 avril 2012
Immortalisée par son rôle de «Sissi impératrice d’Autriche», Romy Schneider mérite pourtant mieux que ce souvenir de film mièvre au parfum suranné. Ce très bel album rédigé par le biographe Henry-Jean Servat et publié aux éditions Hors Collection lui rend l’hommage mérité. Tant par le texte que par l’iconographie soignée.
Le 29 mai 2012, il y aura trente ans que l’actrice nous quittait.
Accident? Suicide de chagrin après ses nombreux drames personnels dont la mort de son fils David? Qu’importe au fond. Le trou formé par sa disparition brutale est resté béant dans les souvenirs de cinéphiles. Son décès a plongé le monde du cinéma dans le désarroi et brisé le cœur d’un homme à jamais : Alain Delon, pour qui il y aura désormais un avant et un après Romy Schneider. Et pourtant, son histoire avec Romy a connu plus de hauts que de bas. L’ouvrage revient sur cette liaison en dents de scie entre ces deux êtres baptisés à l’époque « les fiancés de l’Europe ».
Mais plus que les aspects personnels de l’actrice, ce qui est à mettre en avant, et Henry-Jean Servat le fait très bien, c’est son talent d’actrice. Avec son sourire à la fois gai et triste, une plastique parfaite, Romy savait tout jouer. Sa filmographie a de quoi faire rêver. Une actrice qui ne jouait pas un rôle, mais le vivait. À 100%. Il suffit pour s’en convaincre de revoir le film de Robert Enrico, «Le Vieux fusil». La scène du viol et de la mort face au lance-flammes des SS est restée comme l’une des plus pénibles à regarder dans l’histoire du cinéma. Comme le souligne l’auteur, lors du tournage Romy avait tout donné et poussé des cris à glacer le sang. Comme si elle vivait réellement le drame. Pour l’anecdote, l’un des figurants sera blessé par Romy.
Pour le réalisateur Claude Sautet, «Romy incarnait mieux que personne cette recherche désespérée de l’amour, ce besoin éperdu de bonheur et cette conscience suraiguë de ce qui le menace aussitôt qu’on croit l’avoir trouvé.» L’ouvrage, illustré de sublimes clichés de l’acteur, raconte une vie qui débute dans le rêve et se termine dans le drame. Entre les deux, sa vie sera ponctuée de moments tantôt drôles ou noirs. Avec des films devenus des classiques dans lesquels elle donnait la réplique à des acteurs comme Trintignant, Delon, Piccoli ou Montand. Parmi les clichés présents, deux sont à épingler plus particulièrement . Celui qui rassemble en 1976 Jean Gabin et Romy à la cérémonie des César. Et ce cliché pris à Orly en août 1968 où Delon est venu accueillir, dix ans après leur première rencontre, une Romy rayonnante qui va tourner dans le film «La piscine». Plus artistique, le cliché d’une Romy, dans la trentaine, vêtue d’un long pull et détendue figure parmi nos préférés.
Mais plus que tout, Romy Schneider restera sans aucun doute comme le symbole de la réconciliation franco-allemande de l’après-guerre. Elle, avait choisi la France comme patrie de cœur. Et le public français ne l’a jamais oublié. En 2006, un sondage réalisé par le site web «L’internaute» classait en effet Romy Schneider en tête des actrices françaises préférées, devant Jeanne Moreau, Simone Signoret, Brigitte Bardot et Annie Girardot.
Quant à ses films, ils s’imposent encore, en 2012, par leur qualité, par le talent de l’actrice (et de ses partenaires), mais aussi comme le témoignage d’une époque à jamais révolue. « La piscine », « Les choses de la vie », « Le vieux fusil », « La banquière », « Une histoire simple », « L’important c’est d’aimer ». Autant de classiques à voir et revoir.
Philippe Degouy
«Romy Schneider». Collection Destins de légende. Par Henry-Jean Servat. Éditions Hors Collection. 14 euros environ. 112 pages - Couverture : éditions Hors Collection
11h11 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Le Point.fr - 22 mars 2012
[...] Magda Schneider [...] s'émeut à l'idée que sa fille, Romy, vive une histoire d'amour avec un jeune acteur français, ex-apprenti charcutier. C'est vrai qu'il a une petite réputation de voyou[...]. En fait, s'émeut-elle vraiment ou craint-elle que l'Allemagne ne condamne les amours illicites de "Sissi" avec un aventurier français ? Ça en serait alors fini de ce que son époux, Hans Herbert Blatzheim, et elle tirent de leur petite Romy adorée... Bref, tous les deux imposent un simulacre de fiançailles, en présence de la presse, dans leur villa suisse, près de Lugano.
Cela fait presque un an que Romy vit à Paris chez Alain Delon, qu'elle a rencontré sur le tournage de "Christine". Elle adore la bohème parisienne, très loin de la prison prussienne... Avec Alain, elle découvre la liberté, les boîtes de jazz, les copains, les voitures décapotables, l'anticonformisme. Sur ses conseils, elle commence à refuser de tourner toute cette guimauve allemande, qui fait davantage la fortune de ses parents que la sienne. Hans et Magda ont beau lui répéter que Delon n'en veut qu'à son argent et à sa notoriété, elle les renvoie gentiment à leurs bretzels. [...]
Alors, ils prennent le taureau par les cornes. Le 21 mars 1959, quand Romy vient rendre visite à sa mère et à son beau-père dans la villa Maro qu'ils possèdent près de Lugano - et payée par ses cachets -, elle s'entend dire par Hans : "Demain auront lieu vos fiançailles, j'ai averti la presse. Alain sera présent aussi." Surprise totale de la jeune fille. Comment ses parents ont-ils pu convaincre Delon de se prêter à cette mascarade ? Elle a peine à le croire. Lui, l'anticonformiste français, participer à une comédie burlesque allemande ? Jusqu'à la dernière minute, la jeune actrice est persuadée que son Alain leur fera faux bond. Elle s'en réjouit même en secret.
Fleur bleue
Stupéfaction : le lendemain, à l'heure dite, il se présente tout sourire. Plus charmeur que jamais. La cérémonie l'amuse. Sont également présents le frère de "Sissi", Wolfgang Dieter Albach, et quelques proches de la famille, comme la jeune comédienne Françoise Arnould et Jean-Claude Brialy, inséparable de Delon. Les nombreux reporters qui ont répondu à l'invitation sont introduits dans la villa, où la famille les accueille avec bonne humeur. Le frère offre un bouquet de fleurs à sa soeur. Alain passe au doigt de Romy une bague de pacotille. Les flashs crépitent. Magda improvise un petit discours : "De mariage il n'est provisoirement pas question. Les petits doivent d'abord faire plus ample connaissance." Mais comment donc ? Comme s'ils avaient passé leur temps à jouer au Scrabble à Paris, depuis un an...
Le mariage ? Il n'y en aura jamais. Romy, un peu fleur bleue, l'espère un peu, mais Delon n'est pas prêt à se ranger. Sa carrière ne fait que commencer. Pour faire patienter sa fiancée, il prétend qu'il lui passera l'anneau au doigt un peu plus tard, quand il sera sûr de la solidité de leur couple. Mais le sournois sait qu'il peut compter sur les sautes d'humeur de Romy pour repousser éternellement le mariage. Leur état de fiancés se prolonge d'année en année. La carrière d'Alain s'épanouit, il tourne "Plein soleil", puis "Rocco et ses frères", tandis que la carrière de "Sissi" s'étiole. Les fiançailles s'achèvent un jour de 1963, quand, de retour d'Hollywood, Romy Schneider trouve dans l'appartement vide un bouquet de roses accompagné d'un billet : "Je suis parti à Mexico avec Nathalie. Mille choses. Alain."
Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos
08h32 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Puretrend.com - 20 février 2012
Personne ne pourra reprocher à Romy Schneider d'avoir toujours joué dans le même registre, qu'il s'agisse de sa filmographie ou de sa garde-robe. Des robes à panier et froufrous de la saga Sissi qui la consacra petite chérie de l'Allemagne des années 50, aux robes de femme fatale du film de Chabrol "Les innocents aux mains sales", en passant par ses bikinis mouillés dans "La piscine" : l'actrice a aussi bien marqué le cinéma d'auteur que la mode.
Romy fait partie du cercle très fermé des actrices a être passées dans les salons privés de la rue Cambon, pour des essayages sous le regard attentif de Coco Chanel. Loris Azzaro l'habilla également, tout comme Yves Saint Laurent pour ses films. Aujourd'hui encore, elle inspire les podiums, et ses photos figurent sur les mood board de Sophie Thallet, Peter Dundas pour Emilio Pucci, Massimiliano Giornetti pour Salvatore Ferragamo, ou encore Tippi Hedren et Eva Marie Saint de la marque Erdem.
Une exposition évènement lui rend hommage depuis le 4 novembre 2011 jusqu'au 22 février prochain, l'occasion de revenir sur une icône du style, qui a traversé les années 50, 60, et 70 avec une grâce infinie, malgré sa tragique disparition en 1982.
Tailleur jupe en tweed blanc, robe trapèze sixties, maillot une pièce et robe boho chic so seventies... Découvrez les essentiels de la garde-robe de Romy Schneider !
19h51 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (2)
Source : L'express.fr - 04 novembre 2011
Il y eut Morgan, Signoret, Girardot. Et puis il y eut Romy. Resplendissante, émouvante. Excessive et sincère, Romy Schneider demeure le plus beau cadeau fait au cinéma français. Une exposition lui est consacrée du 4 novembre 2011 au 22 février 2012 en région parisienne.
A Berchtesgaden, vert paradis alpin, Rosemarie Albach-Retty observe le nid d'aigle voisin. Issue d'une lignée d'artistes, la fillette voit le jour à Vienne, en septembre 1938, mais passe, dans la quiétude d'un chalet bavarois, proche du Q.G. d'Hitler, les premières années de sa vie. Plus tard, elle comprendra et n'en finira pas de payer la faute de ses parents qui avaient accepté le nazisme en fermant les yeux sur ses atrocités. Mais, à 4 ans, l'enfant aux boucles dorées préfère s'interroger sur les absences répétées de Wolf Albach-Retty, comédien en vogue qui vient de les abandonner, elle, son frère Wolfi et leur mère Magda Schneider, pour une de ses partenaires à la UFA.
Première blessure au coeur avant de cultiver, jeune fille en uniforme, la mélancolie à l'internat catholique de Goldenstein. "Romy était une enfant solitaire, souvent d'humeur inégale, en désaccord avec elle-même, se souviendra soeur Augustina, professeur au pensionnat. Magda, sa mère, tournait sans relâche. Elle n'est venue ici que deux ou trois fois en quatre ans." Avant d'offrir à sa fille sa première tentation. Romy n'a pas 15 ans lorsqu'elle passe un bout d'essai. L'expérience des "Lilas blancs", au côté de sa mère, a des senteurs de vacances. L'adolescente la prend comme un jeu, Magda comme une assurance-vie sur les incertitudes de sa carrière. Épaulée par son second mari, "Daddy" Blatzheim, homme d'affaires, elle couve sa progéniture avant de l'étouffer. Romy, elle, accepte, pleine de bonne volonté, les rôles similaires qui s'enchaînent. De "Feu d'artifice" aux "Jeunes années d'une reine", le carnet de bal aseptisé de la débutante lui fait perdre ses illusions.
Sissi envoie tout valser
"Le destin d'Élisabeth d'Autriche sera le tien", lui avait un jour prédit une voyante. Romantique, Romy Schneider n'avait retenu de la souveraine meurtrie que la face radieuse. La proposition que lui fait le réalisateur Ernst Marischka d'incarner "Sissi" inquiète toutefois la jeune femme. Doutant de ses aptitudes à donner vie au mythe, elle est consciente de la responsabilité qui lui échoit. Archétype d'un art pompier confinant au sublime, "Sissi" propulse Romy Schneider au rang d'ambassadrice officieuse d'Autriche. Les deux opus suivants la consacrent "petite fiancée de l'Europe". Pourtant, en dépit des pressions de Magda et de Blatzheim, décidés à exploiter jusqu'au bout le filon, Romy craque. Elle ne fera pas un quatrième Sissi. La crème fouettée a tourné et lui donne la nausée.
Prenant son destin en main, elle rompt avec Horst Buchholz, son premier amour, et s'exile à Paris avec Magda. Berlin et Vienne hurlent à la trahison. "J'étais propriété nationale", maugréait-elle. Déjà rebelle, Romy n'entend plus se laisser dicter sa conduite et ressemble de plus en plus, à mesure qu'elle s'en éloigne, à l'impératrice honnie. Un dernier tour de manège au Prater ne la rassure pas. "Je voulais me débarrasser à jamais des crinolines et qu'est-ce que je tourne ? "Christine" ! Un remake bidon du Liebeleï, de Max Ophüls, dans lequel s'illustra ma mère. J'étais dans une déprime totale..." Romy doit apprendre phonétiquement le français avant de choisir, sur diapo, son partenaire. Parce qu'il la fascine, jeune loup ne courbant pas l'échine devant son éclat de princesse gâtée, Alain Delon devient l'objet d'une folle passion. Au volant de sa MG, il lui fait découvrir Paris, la nuit, Saint-Germain-des-Prés, la liberté. Ils s'installent, ensemble, quai Malaquais. Défient Magda et la presse allemande. Finissent par se fiancer. Mais alors qu'Alain prend son envol avec Plein soleil et Rocco et ses frères, Romy, en Katia froufroutante, désespère. "J'ai fini par m'arrêter puisqu'on ne me proposait que des rôles de poupée."
Elle accepte alors, mi-jalouse mi-inquiète, de rencontrer, à Rome, le Pygmalion de Delon : Visconti fait sa conquête, devient son maître, la pousse à monter sur les planches avec Alain dans "Dommage qu'elle soit une putain". Elle ne parle toujours pas le français et ne connaît du théâtre que des histoires de famille. "Il m'a dit : "Je crois, Mademoiselle, que vous pouvez le faire." Luchino est le premier metteur en scène qui m'ait fait confiance. Je ne l'oublierai jamais." L'expérience la rend physiquement malade. Qu'importe, puisqu'une nouvelle Romy s'offre au métier. Plus aventureuse, moins inhibée. Buvant sec pour surmonter sa peur. Multipliant les expériences, en tournée avec "La mouette" auprès de Sacha Pitoëff, au cinéma où elle se bat pour obtenir les rôles de son choix. Elle sera ainsi la Leni du "Procès", d'Orson Welles.
Le saut de l'angeRevenant à Vienne auprès de Preminger, Romy règle ses comptes au trouble passé autrichien avec "Le cardinal", puis s'envole vers un contrat hollywoodien. Alain s'éloigne, elle le sait, mais ne veut pas rompre. À son retour en France, un bouquet de roses l'attend. Le félin s'en est allé. Romy, désemparée, part à vau-l'eau. Sa carrière américaine est un semi-échec, la France l'oublie bientôt. Elle décide de se ressourcer à Berlin. Dans la capitale déchirée, la comédienne à l'image brouillée rencontre un metteur en scène de théâtre, intellectuel juif allemand, qui la rassure et lui offre son amour en guise de passion. Elle épouse Harry Meyen en 1966, met au monde, la même année, leur fils David. Se reconstruit lentement, laissant sa carrière en pointillés. Étrange parenthèse où elle joue, sans y croire, à la femme d'intérieur. L'emploi, au service d'un homme névrosé, finit par la lasser. Comme un signe du destin, Delon se rappelle à son souvenir. Star toute puissante de "La piscine", il la veut contre l'avis des producteurs qui la jugent has been. "Alain m'a imposée. Je lui dois beaucoup." À Saint-Tropez, l'été 1968, elle fait sa révolution. Le public français l'avait quittée ravissante. Il la retrouve rayonnante, d'une beauté émouvante, infiniment désirable. À Paris, lors du doublage du film en anglais, elle rencontre Claude Sautet. L'auteur de polars cherche un second souffle. Il vient de trouver son égérie. "J'ai eu l'impression, tout de suite, que ce serait facile de tourner avec elle parce qu'elle se livrait entièrement. Avec Romy, l'action n'a pas besoin de rebondissement. Tout, chez elle, est exprimé intérieurement : c'est sa manière irremplaçable de donner au quotidien sa dimension. Sa noblesse aussi."
Le tragique assumé
Avec lui, elle incarne un nouveau type d'héroïne ancrée dans la France pompidolo-giscardienne, partagée entre devoirs et pulsions, émancipation féministe et éternel féminin. Belle de jour sur les accords inoubliables des "Choses de la vie", rejouant à Jules et Jim pour "César et Rosalie", prostituée larguée de "Max et les ferrailleurs", libérée aliénée le temps d' "Une histoire simple", Romy imprime, à vif, son image dans la société. Auprès d'un Piccoli adoré qui la définit "tout en zigzags", de Montand qui l'irrite avant de la séduire, de Noiret, époux modèle du "Vieux fusil", elle impose un talent subtil explosant, soudainement, dans "L'important c'est d'aimer", où son rôle de comédienne ratée est la première expression d'un tragique assumé.
N'avait-elle pas, auparavant, porté le deuil du passé en revêtant, une ultime fois, la crinoline couleur de jais de "Sissi" dans un somptueux "Crépuscule des dieux" revisité par Visconti ? Jamais elle n'avait été si proche de sa vérité. Celle d'une jeune femme inapte au bonheur, refusant de s'apitoyer. Séparée de Harry, se battant pour la garde de David, elle peine à conjuguer maternité, frénésie professionnelle, vie sentimentale agitée. Excessive en tout. Charmeuse et emmerdeuse. "Romy vous accrochait jour et nuit, vous dévorait, écrivit Joseph Losey. Ses moments de désespoir étaient terribles et n'étaient souvent que la seule expression d'un besoin qu'elle avait que ses proches lui montrent leur affection et leur amour. Ces moments de demande intense étaient épuisants. Le plus important est que si elle avait confiance en vous, elle offrait les ressources de son talent, de son âme, de sa vulnérabilité."
Le cinéma est pourtant son salut. Romy aime être sollicitée pour oublier les trahisons, s'éprend de la plupart de ses partenaires, mélange boisson et médicaments afin de conjurer trac et échecs, et ne répugne pas, entre deux déprimes, à faire la fête, faisant une pause auprès de son secrétaire, Daniel Biasini, qui lui offre Sarah, ultime cadeau de la vie. Romy se consume. Comme un fait exprès, la fiction rejoint la réalité. Elle est abattue, condamnée, trépassée dans La banquière, La mort en direct, Fantôme d'amour et Garde à vue.
Hors caméra, l'actrice apprend le suicide d'Harry Meyen, puis doit subir l'ablation d'un rein. Quelques jours plus tard, David, son ange blond casse-cou, se tue accidentellement. Romy note dans son journal : "J'ai enterré le père, j'ai enterré le fils, mais je ne les ai jamais quittés et eux ne m'ont pas quittée non plus." Pour ne pas sombrer, elle accepte d'être "La passante du Sans-Souci", projet qu'elle avait initié. L'histoire est déchirante, la ressemblance de son jeune partenaire avec David, troublante. La résurrection a des accents de chant du cygne. Le 29 mai 1982, à l'aube, Romina ne se réveille pas. Vaincue d'avoir noyé ses larmes dans tant d'alcool et de pilules amères. "L'existence de Romy, dira Jean-Claude Brialy, me rappelle un mot de Cocteau : "Il est nécessaire de savoir jusqu'où on peut aller trop loin." Romy est allée très loin et elle n'en est jamais revenue."
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Souce : Le Progrès - 28 juillet 2010
NOTRE SERIE : Les couples sulfureux
Entre amour tourmenté et passion sublimée, le couple mythique à la beauté outrageante s'est perdu dans un tourbillon mais s'est toujours retrouvé.
Ils étaient jeunes, beaux, célèbres et ils s'aimaient. Trop peut-être. Avant que la passion orageuse ultramédiatisée ne les absorbe, ils sont déjà tous les deux au faîte de leur gloire et embrassent la vie avec l'innocence de leurs 20 ans.
A la fin des années cinquante, Romy Schneider a décidé de tourner la page des «Sissi» dont l'image de poupée sage lui colle à la peau et lui barre la route d'un cinéma d'auteur. Alain Delon, lui, n'a pas reçu comme l'actrice autrichienne une bonne éducation : beau comme un Dieu, c'est un bad boy, mi-ange mi-démon.
Ils se rencontrent sur le tournage du fil «Christine» en 1958. Dans «Delon et Romy, un amour impossible», le biographe Bertrand Tessier écrit : «Alain Delon était-il déjà amoureux ? En tout cas, il ne le montrait pas. Au contraire. Les premiers jours de tournage sont électriques. Pour un oui ou pour un non, Delon trouve toujours une bonne occasion de s'écharper avec sa partenaire, ce qui est sa manière de prendre le pouvoir. Il la trouve trop sûre d'elle, bêcheuse, poseuse. Il a l'impression qu'elle «se la joue».» Le véritable amour commence souvent ainsi.
Un an plus tard, la mère de Romy (Magda qui joue le rôle de sa mère dans les Sissi), organise leurs fiançailles devant la presse internationale. Le couple talentueux et charismatique prend une dimension particulière en bousculant les lignes dans une France des années cinquante vieillissante. Ils représentent alors la modernité, avec leur jeunesse, leur beauté et leur succès insolents. En 1962, Romy Schneider est hospitalisée pour surmenage. L'acteur de «Rocco et ses frères» ne quitte plus sa «Puppele» (sa poupée) comme il l'appelle et reste toujours à son chevet. D'Alain, elle confiera : «Il m'a tout appris»*. La petite princesse allemande née en Autriche, un peu enfant gâtée, et qui ne parle pas un mot de français apprendra la langue en quelques mois.
Rien ne semble pouvoir séparer les amoureux. Passionnés à l'écran, Romy Schneider et Alain Delon l'étaient aussi dans leur vie privée. Aussi explosifs l'un que l'autre, selon Delon. Pourtant Alain Delon aurait eu une relation avec la chanteuse allemande Nico (un fils, Ari Boulogne qu'il n'a jamais reconnu, serait même né).
Le manque de temps (Romy vient de signer un contrat de sept ans avec la Columbia), le stress et les paillettes auront raison de leur passion. Et en 1964, c'est une jeune comédienne Nathalie que Delon épouse.
Si leur histoire a duré cinq ans, le couple le plus enchanteur de ces années-là est resté soudé par une indéfectible amitié. Au-delà de ses amants, de ses mariages…
1968 sonnera l'année de leurs retrouvailles, et quelles retrouvailles !
Pour «La Piscine», Delon a refusé les actrices Monica Vitti et Angie Dickinson et exigé Romy : «Ecoutez, la Piscine, ce sera Romy et moi ou ça ne sera pas ! On a assez perdu de temps comme ça ! Les choses sont claires : si vous voulez pas de Romy Schneider, il n'y aura pas de film !» Mieux qu'un bon film, il est le symbole de leur idylle tourmentée.
Sandrine Rancy
LA PHRASE
Alain Delon, acteur, 74 ans : «Je regrette de ne pas avoir épousé Romy. En revanche, c'est difficile à avouer, mais je n'aurais pas voulu la voir à 70 ans. Je préfère qu'elle soit partie ainsi… Elle nous a quittés belle comme tout. Elle est un mythe, une légende et le restera».
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* Petite rectification : en fait, Romy disait de Visconti "Il m'a tout appris"...
20h24 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : Nice Matin - 14 juillet 2010
Saga : les plus belles histoires d'amour (part 2)
L’un des plus beaux couples du cinéma. Romy Schneider et Alain Delon incarnaient la passion, la sensualité, le charme. Sur le tournage de «La Piscine», dans cette campagne tropézienne odorante, brûlée par le soleil, les deux icônes ont refait les gestes, retrouvé les regards, restauré les sourires de leurs amours passées. Des images bouleversantes, d’émotion pure.
C’était en 1968 dans une villa du quartier de l’Oumede, à Ramatuelle, sur les hauteurs de Pampelonne. Un havre de quiétude aujourd’hui intégré à un lotissement, à l’abri des fâcheux. Une maison bourgeoise que l’on devine à peine depuis la petite route qui serpente entre les vignes.
"Je suis à Mexico avec Nathalie"
C’est ici que les amants, même s’ils ne sont plus ensemble, vont mimer la passion qui, dix années plus tôt, a chaviré leurs cœurs. En 1958, Romy tourne «Christine», du réalisateur Pierre Gaspard-Huit, à Paris. Dès le casting, elle tombe amoureuse de Delon. Et, avec lui, elle va découvrir les nuits parisiennes, la fête, l’insouciance, une certaine arrogance. Bref, la liberté. Il représente «L’aventurier arrivant toujours en retard au studio, décoiffé après avoir sillonné Paris au volant d’une voiture de sport». Un rien voyou, beaucoup de charme... C’est assez pour enflammer l’imagination candide de «Sissi».
Bien sûr, il y aura des orages, de l’incompréhension familiale, des déconvenues. Mais il lui présentera les plus grands cinéastes parmi lesquels Visconti. Une star est née. Elle ne cessera de tourner. Comme lui mais... sans lui. Et, rentrant un jour d’Hollywood, elle trouve dans son appartement parisien un mot d’Alain : «Je suis à Mexico avec Nathalie. Mille choses.» Rupture, désillusion, amertume...
La rencontre avec Mireille Darc
«La Piscine», ce sera quelques années plus tard. Delon impose Romy à Jacques Deray, estimant qu’elle crèvera l’écran. Ce qu’elle fit. Au début du tournage, il est célibataire alors qu’elle vit à Saint-Tropez avec son époux, Daniel Biasini. Mais lors d’un week-end de relâche, Delon se rend à Rome et rencontre Mireille Darc. «Elle est plus légère, sans soucis. Face à elle, Romy, plus tourmentée, affiche une beauté douloureuse.» Henry-Jean Servat se souvient de ces sentiments ambivalents proches, finalement très proches, des scènes brûlantes du film.
Entre la vie et la fiction y aurait-il plus qu’un écart de langage ? Rien n’est moins sûr. Dans les eaux troubles de cette piscine (que l’on retrouve actuellement sur le petit écran dans la publicité pour un parfum, ndlr), les anciens amants se frôlent, se cherchent et n’osent se rencontrer à nouveau. Mais jamais Alain Delon n’oubliera Romy. Il sera éternellement amoureux de celle dont il dit : «Elle nous a quittés belle comme tout. Elle est un mythe, une légende, et le restera.»
20h43 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Source : France Soir - 28 mai 2010
Hommage ce soir à Romy Schneider à travers un documentaire sensible (1)… Le réalisateur Bertrand Tessier revient pour France-Soir sur la genèse de son film.
Le 29 mai 1982, Romy Schneider meurt d’un battement de cœur manqué. Trop d’alcool, trop de médocs. Froideur implacable, métallique, de l’avis de décès. Mais cette disparition prématurée – 44 ans – cache une longue agonie. Tous les témoins rencontrés au cours de la réalisation de ces Derniers jours de Romy Schneider me l’ont confirmé : l’actrice est véritablement morte le 5 juillet 1981.
Ce dimanche ensoleillé, son fils David, 14 ans, escalade la grille de ses beaux-parents où il passe le week-end, mais il s’empale sur les pics. Sitôt avertie du drame qui est en train de se nouer, Romy accourt à l’hôpital de Saint-Germain-en-Laye. Thierry Montariol, le chirurgien de garde, ne peut rien faire. «Elle n’a pas crié, c’était comme si le monde s’écroulait autour d’elle», se souvient-il. Quelques heures plus tard, des paparazzis se déguisent en infirmiers et prennent en photo le corps de David à la morgue de l’hôpital. Bild publie le cliché en Allemagne : jamais la presse n’était allée aussi loin dans l’ignoble.
Sa chambre transformée en mausolée
Pour échapper aux photographes qui la pourchassent comme une bête sauvage dans la forêt, pour conjurer le mauvais sort qui ne cesse de s’abattre sur elle (tumeur au rein, divorce d’avec Daniel Biasini, suicide de son premier mari), pour exorciser sa douleur, Romy se voue à son travail. Depuis des années déjà, le cinéma est comme sa thérapie : jouer des personnages pour s’oublier. Elle prépare alors "La Passante du Sans-Souci". Son agent Jean-Louis Livi s’était inquiété : «N’est-il pas dangereux que tu fasses ce film ?» Elle lui avait répondu avec ce ton de petit soldat déterminé qui était le sien : «Ce serait encore plus dangereux que je ne le fasse pas.»
Avec l’équipe de mon producteur Arnaud Hamelin, nous sommes allés à Berlin sur ses traces. A l’hôtel Steigenberger, où elle avait transformé sa chambre en mausolée : des photos de David et des bougies partout. Aux studios d’Arthur Brauner, où, vaille que vaille, couvée par la bienveillance du réalisateur Jacques Rouffio, elle s’était jetée à corps et à cœur perdus dans ce rôle d’une Allemande qui fuit à Paris avec un jeune garçon dont les parents ont été raflés pendant la Seconde Guerre mondiale. Une scène la montre fêtant seule Noël avec ce gamin qu’elle fait passer pour son fils. Des violonistes s’approchent de leur table. Elle demande au gamin de jouer pour elle. Ce jour-là, elle était arrivée en retard sur le plateau. Certitude qu’elle vivrait le moment le plus difficile du tournage. Quand le jeune acteur a saisi l’archer, son regard s’est voilé, puis embué et noyé de larmes. La fiction avait rejoint la réalité : comment n’aurait-elle pas vu son propre fils dans le jeune acteur qui était alors en face d’elle ?
Rejetée par l’Allemagne
Pour Romy, ce tournage à Berlin aux accents testamentaires était comme un retour aux sources. Pour moi, ce fut, aussi, l’occasion de comprendre la complexité des rapports entre la star et l’Allemagne. J’imaginais qu’on me parlerait d’elle comme d’un trésor national. J’ai découvert à quel point l’Allemagne avait pu la rejeter après l’avoir adorée quand, jeune fille, elle incarnait "Sissi". «Tout le monde rêvait alors de l’avoir pour belle-fille», se souvenait sa costumière Ingrid Zoré. Son biographe allemand Michael Jurghs me précisa : «Quand elle est partie à Paris rejoindre Alain Delon, l’Allemagne l’a considérée comme une putain. Une traîtresse à la patrie dans un pays encore marqué par le nazisme.»
J’ai alors saisi à quel point son histoire d’amour avec Delon, au-delà de son aspect mythologique, avait été un épisode fondateur pour elle. Sa manière de fuir le personnage de Sissi qu’elle détestait et qui, d’une certaine manière, lui avait volé son adolescence, mais aussi d’échapper à son beau-père, qui avait abusé d’elle, et à sa mère, ex-égérie du régime hitlérien, qui l’avait utilisée pour trouver une nouvelle virginité. Oui, c’est dans ce Berlin, où le mur de la honte qu’elle détestait tant était désormais vendu par fragments dans les boutiques de souvenirs de la ville, que j’ai eu l’idée de prolonger ce film par un livre consacré à son histoire d’amour avec Delon (2). Ma manière de poursuivre mon hommage à cette actrice radieuse et inspirée qui est avant tout pour moi l’incarnation du courage.
(1) Les Derniers jours d’une icône, ce soir à 20h35, France 5
(2) Delon & Romy, un amour impossible, éd. du Rocher, 2010.
Par Bertrand Tessier
23h12 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (0)
Romy aurait eu 71 ans le 23 septembre 2009. Vive et sensible à la fois, c’est une star sublime mais angoissée, la cigarette à la main qui, en 1976, répondait de Berlin pour la sortie du film « Une femme à sa fenêtre » à Michel Drucker dans. Les Rendez-vous du Dimanche sur TF1. Romy était toujours sincère dans ses entretiens et nous avons décidé de vous faire partager un moment d’intimité entre un journaliste de télévision et une star à l’apogée de sa carrière puisque cette même année elle recevait le César de la meilleure interprétation féminine pour son rôle dans « L’important c’est d’aimer » de Zulawski. Romy a également posé pour beaucoup de grands noms de la photographie et vous la découvrez au cours des années 1960 au côté de son chien de l’époque, un magnifique Dalmatien…
Michel Drucker : Vous êtes inquiète, pourquoi êtes-vous inquiète ?
Romy Schneider : Oui très… Parce que je ne connais pas très bien cela, ce n’est pas la même caméra que je connais depuis 20 ans.
M.D. : Et la caméra de cinéma ne vous fait plus peur depuis longtemps !
R.S. : Non, elle ne me fait pas peur.
M.D. : Mais est-ce que ce n’est pas parce que cela ne s’est pas bien passé avec certains journalistes de la presse écrite que vous êtes comme ça ou parce que vous avez du mal à parler de vous, de vos rôles ?
R.S. : C’est tout un ensemble ! Déjà, j’ai beaucoup de mal à parler primo de moi-même ; secondo, en face d’une caméra de télévision j’ai du mal à faire une interview, j’ai toujours eu du mal… J’ai fait des progrès, des petits, mais pas beaucoup…
M.D. : Parce que le public qu’il y a derrière la caméra aujourd’hui, il y a 7 ou 8 millions de gens, c’est le public des salles, c’est celui qui vous aime, celui qui vient vous voir ; c’est le public qui va voir en ce moment «Une femme à sa fenêtre» ou «Mado», vous ne le connaissez pas ce public là ?
R.S. : Si je crois que je le connais ; ce public en France, je crois que je le connais parce qu’il m’a prouvé qu’il m’aime, mais j’ai quand même peur et oui…
M.D. : Mais quand vous tournez un film, est-ce que vous êtes inquiète pendant tout le tournage ? Est-ce que vous vous remettez en cause ? Est-ce que vous relisez le rôle alors que la machine est déjà en route depuis longtemps ? Sautet m’a dit que vous étiez quelqu’un d’assez exceptionnel dans la mesure où vous remettiez en cause en permanence tout ce qui se passe autour de vous…
R.S. : Et oui, je le fais ! De temps en temps, j’essaie de ne pas le faire mais je n’y arrive pas, c’est-à-dire de ne plus le faire mais je n’y arrive pas bien.
M.D. : Mais c’est épuisant nerveusement, non ?
R.S. : Oui c’est vrai mais que faire ? Je ne peux pas changer ma peau.
M.D. : C’est la raison pour laquelle vous n’allez pas voir ce que vous appelez dans le jargon du métier les «rushes», c’est-àdire ce qu’on a tourné dans la journée ?
R.S. : Oui, c’est les «rushes», les projections, je les ai toujours vues ; toujours, depuis des années et des années, j’en étais malade quand je ne les voyais pas et depuis le «Vieux fusil», je m’efforce de ne plus les voir et c’est mieux.
M.D. : Parce que vous ne vous trouvez pas bien ?
R.S. : Je ne suis jamais contente en ce qui me concerne et Claude Sautet m’a virée d’une projection une fois, il y a bien longtemps et il avait bien raison ; il m’a dit : «Cela ne sert à rien que tu ailles voir la projection, que tu ailles voir ton travail, tu n’es jamais contente, va-t-en !» Et je suis partie. Un grand merci à notre ami.
Michel Drucker
02h21 dans Biographie | Lien permanent | Commentaires (1)